AVARANEWS N° 32 - FEVRIER 2020
Stéphanie Gourdain : « L’AVARAP m’a redonné confiance en moi et en mes capacités »
Sourire lumineux derrière des cheveux noirs, Stéphanie nous donne rendez-vous au pied de l’immeuble où elle travaille sur l’avenue de l’Opéra. Cap sur un bar voisin où, devant une orange pressée, elle se confie.
« J’ai entendu parler de l’AVARAP en 2014 en écoutant une émission de radio. Je vivais un retour en France compliqué après une période d’expatriation en Angleterre. J’y avais passé deux ans à faire de la recherche en chimie et je me sentais bien seule de retour à Paris et chez mes parents. »
Stéphanie n’est pourtant pas démunie. Elevée à Rueil-Malmaison, elle est plutôt bonne élève avec un tropisme pour les maths. Elle veut poursuivre des études scientifiques (« dans le secteur de la santé, mais pas médecine », précise-t-elle). Ce sera pharmacie, « pour la pluridisciplinarité de la formation et pour le côté bio et médical ».
Son diplôme de Pharmacien en poche, elle effectue un doctorat à l’université de Reims. Elle se passionne pour la recherche dans les domaines des anticancéreux et des antiviraux, en lien avec la structure de l’ADN. Formée à Paris V, elle apprécie la vie dans une ville moyenne et la gentillesse des gens qu’elle rencontre.
Son séjour en Angleterre lui permet de se perfectionner dans la langue de Shakespeare et de vérifier que le domaine de la recherche lui convient. « Je suis rentrée en France pour me rapprocher de ma famille, se souvient-elle. Je m’apercevais aussi que le métier de chercheur dans le public devenait très contraignant et que l’on passait de plus en plus de temps à chercher des budgets de recherche. A mon retour, les premiers contacts étaient compliqués. Bref, j’étais perdue et j’avais grand besoin d’aide et de soutien. L’AVARAP m’a permis de me reconstruire avec une méthode rigoureuse. »
Assister à une RIM « pour voir »
Après son premier contact radiophonique avec notre association, elle se rend sur le site Internet et décide d’assister à une RIM « pour voir ». « J’ai beaucoup hésité, avoue-t-elle. Je m’étais lancée dans une série de recherches et je ne bénéficiais d’aucune prise en charge car, revenant d’expatriation, je n’étais pas éligible à Pôle Emploi. Je me suis donc retrouvée au RSA et j’étais très pressée de retrouver un poste. »
Elle prend sa décision et elle intègre un groupe qui se réunit les jeudis soirs à Neuilly. « Notre groupe était très féminin, sourit-elle, il comptait seulement trois hommes. Les participants venaient d’horizons très différents et j’étais la plus jeune. Autant dire que j’étais morte de peur à la première séance. J’ai été rassurée par la bienveillance de notre marraine, Véronique Courtade, et j’ai vite repris confiance en participant aux ateliers où j’ai été rassurée sur mes compétences. Le miroir m’a fait beaucoup de bien et j’ai trouvé sympa de se mettre à nu devant le groupe et de se raconter sans fard. »
C’est une période très dense de sa vie pendant laquelle elle se ressource dans la maison familiale du Tréport en respirant l’air marin et en cultivant sa passion de création de bijoux. « Je ne peux pas passer près d’un bijou qui me plaît, s’amuse-t-elle, sans regarder comment il est fait et tenter de le reproduire en utilisant mes méthodes. Je me rends pour cela dans une boutique atelier dans laquelle je peux passer des heures. »
La recherche oui, mais avec une dimension humaine
L’ADT la rassure en lui confirmant que la recherche est une voie qui lui convient bien, surtout si elle intègre une dimension humaine. Stéphanie, qui envisage de postuler en recherche clinique, est ravie de voir que le groupe la confirme dans ce secteur. Parmi les autres propositions qui lui conviendraient, elle hésite un instant pour un travail dans l’assurance qualité dans le secteur de la pharmacie.
Au cours des entretiens réseau, elle approfondit ses connaissances dans le domaine de la recherche clinique et ce qu’elle apprend raffermit son choix (« une liaison étroite avec l’humain »). Elle enchaîne avec bonheur toutes les étapes du parcours AVARAP jusqu’au plan d’action et l’offre de service. « J’étais très motivée pour aboutir, raconte-t-elle. Parallèlement à la fin du parcours mené tambour battant, je recherchais une formation qui me permette de postuler dans ce secteur moins aléatoire que celui de la recherche fondamentale et qui intègre une dimension humaine importante. »
Il lui faut trouver et suivre une formation ? Qu’à cela ne tienne, elle s’inscrit et effectue les six semaines de cours nécessaires entre juillet et août. Dès septembre, la voilà qui intègre la société Unicancer comme attachée de recherche clinique.
Une passion des maladies rares
Par contact réseau, elle intègre en mars 2017 la société Premier Research, qui propose ses services pour les études cliniques dans les maladies rares. Il faut dire que ce secteur résonne particulièrement chez Stéphanie. « Depuis mon adolescence, confie-t-elle, je souffre de terribles maux de ventre et il a fallu plus de sept ans pour que l’on diagnostique une endométriose, une maladie gynécologique incomprise qui touche entre 10 et 20 % des femmes et qui est très difficilement diagnostiquée. Cette maladie entraîne des douleurs terribles et j’ai eu de la chance que, lors d’une visite aux urgences, je sois prise en charge et opérée. » Depuis, Stéphanie, qui est aujourd’hui guérie, participe à des actions destinées à faire que cette maladie soit davantage prise en compte. Elle participe en particulier à une marche annuelle l’Endomarch qu’elle ne manquerait pour rien au monde.
Dans cette nouvelle structure à taille humaine, elle est accueillie « à bras ouverts » par une équipe composée essentiellement d’anciens chercheurs comme elle. Elle accompagne des protocoles de recherche clinique sur des maladies rares.
Elle est très sensible à cette dimension humaine de son poste pour lequel elle mobilise sa grande rigueur de scientifique et ses qualités d’organisation. « Je suis très reconnaissante à l’AVARAP, conclut-elle, car le groupe m’a permis de me remettre en selle et de confirmer mes intuitions de départ. Certes, je n’ai pas fait de virage à 180 °. Mais aujourd’hui, je me sens bien dans mon corps et dans mon travail. Et prête à continuer à évoluer en capitalisant sur mes acquis. »