AVARANEWS N° 41 - FEVRIER 2021
Quand Anne Donnay entre dans un groupe AVARAP, en novembre 2019, elle a déjà une petite idée derrière la tête, une idée qu’elle ne révèle pas tout de suite. Le groupe la légitime et la voilà qui se lance dans une aventure entrepreneuriale : créer une ligne de produits du quotidien compatibles avec ses valeurs de respect de la planète et de production locale. « Je veux redonner de la noblesse aux parapluies », confie-t-elle. Malgré la crise sanitaire, elle réussit son lancement. Il lui reste à transformer l’essai. Cette battante s’y emploie et elle a de grandes chances d’y parvenir.
Après plus de vingt ans passés à diriger des services marketing de produits de grande consommation, Anne a envie de se lancer dans l’aventure de la direction d’entreprises. « Je voulais prendre un direction générale d’entreprise pour mettre en place des formes de management différents. Plus humains et plus compatibles avec mes valeurs, déclare-t-elle. Et je n’excluais pas de reprendre ou de créer une entreprise. J’avais besoin d’un cadre et d’un réseau pour structurer mon projet. Une amie m’a parlé de l’AVARAP et de sa méthode. Je me suis lancée. »
Anne s’inscrit sur le site et participe à une RIM en octobre 2019 à la Fédération Bancaire Française. Elle est frappée par le sérieux de la démarche et par les valeurs d’engagement proférées par l’association. « On était proches des vacances de la Toussaint et pas si loin de celles de Noël, se souvient-elle, et on nous a dit qu’il fallait se rendre disponibles pour le travail de groupe et qu’il n’était pas question de prévoir des vacances. Cela m’a rassurée sur le sérieux de la méthode. »
Une méthode entre espace de liberté et rigueur
Pour Anne, en poste à la direction marketing des chocolats Lindt, mère de trois enfants de 11,14 et 16 ans, le challenge est de taille. « J’avais le plein soutien de mon compagnon mais il a fallu expliquer à mes enfants que je ne serai pas là un soir par semaine pendant six à huit mois », sourit-elle.
Son groupe, « Les Pyjamas Blancs », se réunit les mardis soirs à Neuilly jusqu’à ce que le confinement le fasse basculer en distanciel. Anne est assidue – « Cela fait partie de mon ADN, j’adore travailler », souligne-t-elle – et aussi un peu frustrée par rapport aux participants qui ont davantage de temps à consacrer aux ateliers. Elle apprécie le travail de groupe, la bienveillance et l’entraide, l’espace de liberté et la rigueur de la méthode – « qui correspond bien à mon côté germanique, moi qui suis née et ai vécu mes cinq premières années en Allemagne ».
Les trois cibles qu’elle retient sont sans surprise l’une en continuité et les autres en rupture. La première est de reprendre un même poste mais dans une entreprise à dimension sociétale. Les deux autres sont dans le droit fil de ce qui a été révélé par son miroir et ses RP : créer une entreprise de fabrication et de vente de parapluies ; faire du conseil en entreprise pour accompagner les transformations et mettre en place de nouvelles formes de management libéré.
C’est cette dernière qu’elle commence à travailler avant de se décider pour l’autre. « Le groupe m’a vraiment aidée, reconnaît-elle. Si je me voyais être à la tête d’une entreprise, si j’avais l’envie d’en reprendre une, je ne me cachais pas que j’avais des progrès à faire sur les parties réglementaire et financière. Le groupe m’a donné le courage de le faire et m’a aidé à les réaliser. »
Il se trouve que, parmi les Pyjamas blancs plusieurs personnes avaient été à la tête d’entreprises ou en avaient repris et, cerise sur le gâteau, l’une des participantes avait la même ambition qu’elle et son projet était déjà bien structuré. Cela a été pour Anne une aide précieuse et un binôme à l’effet miroir.
Le groupe AVARAP sublime à distance pendant le confinement mais la véritable sublimation s’effectue en juillet lors d’un barbecue organisé chez l’un des participants.
Un projet mené en parallèle de son poste
Anne poursuit son projet en parallèle de son job de directrice du marketing. Elle crée sa SAS et dépose ses statuts en juillet. « J’ai pu aller très vite grâce au groupe, confie-t-elle. J’ai bénéficié à plein de la force du réseau et j’ai pu mener mes études de marché avec l’aide et le soutien des autres participants. J’ai dû reconstituer les données du marché car il n’y a plus de syndicat professionnel. En parallèle, j’ai tenté de reprendre une structure mais je suis arrivée trop tard : la seule solution a été de créer ma marque et ma collection. »
Il faut dire que, pour Anne, le choix de se lancer dans le secteur des parapluies ne doit rien au hasard. « Je suis passionnée par les parapluies, sourit-elle. J’en ai une collection entière. Je suis effarée que ce marché soit dominé par les jetables (il s’en jette 10 millions par an) fabriqués dans des pays à bas salaires. Je suis persuadée qu’il y a de la place pour des parapluies éco conçus, faits pour durer dans le temps, réalisés avec de produits locaux et assemblés en France. Au final, la différence de prix s’efface avec la valeur d’usage. Sans compter le plaisir de disposer d’un bel objet. »
Elle lance sa collection le 13 octobre (« la veille du reconfinement », s’amuse-t-elle). Elle se compose d’une dizaine de modèles depuis le plus petit (le Tom pouce) jusqu’au transparent. Elle a passé un accord de production avec une entreprise jurassienne qui effectue l’assemblage et les réparations à partir des éléments qu’elle lui apporte. Elle en a profité pour faire réparer certains parapluies de sa collection personnelle qu’elle vend dans sa Collecterie pour leur trouver un nouveau propriétaire.
Ne pouvant mener de front son travail au marketing de Lindt et la création de son activité, elle prend un congé pour création d’entreprise. Elle a poussé les feux car elle est consciente d’être sur un marché saisonnier. Comme la charge de travail ne lui fait pas peur, Anne a tout fait pour être présente dès cette saison. Elle a bénéficié en automne 2020 d’une belle couverture médiatique qui lui a permis de commencer à faire connaître sa marque au grand public et elle était sur les listes des catalogues de Noël du Point, de l’Equipe et de Madame Figaro. Elle prospecte également le domaine du B to B, une première commande obtenue par le biais du réseau lui ayant ouvert les portes de se secteur.
Un parcours sans anicroches dans le marketing des produits grands publics
Elle se sent particulièrement bien dans ce produit qui appartient au quotidien des gens. C’est la suite logique d’une carrière consacrée aux produits du quotidien. Un domaine qu’elle fréquente avant même d’être diplômée de l’ESSEC en 1998. En effet, étant en apprentissage, elle a intégré en cours d’études la centrale d’achats de Continent (une enseigne reprise par le groupe Carrefour et aujourd’hui disparue). « Je travaillais au service marketing des produits semi permanents – collants, chaussants, etc. –, se souvient-elle. C’était en 1996/1997. Il y avait alors très peu d’ordinateurs. On étudiait les remontées du terrain et des magasins. L’aspect humain était très présent et il y avait un bon esprit d’équipe. »
Elle souhaite ensuite travailler à Londres où son mari a trouvé un job dans la finance. Ce sera Johnson & Johnson dans la division Cosmétiques. Elle y reste quatre ans. Souhaitant revenir en France, elle rejoint en 2002 la structure française de ce groupe mais son atterrissage dans la division pharmacie ne la satisfait pas pleinement. Elle est alors recrutée par l’un de ses professeurs de l’ESSEC qui travaille chez Danone en tant que Directeur Marketing de la Division Eaux. Elle restera dans cette entreprise pendant dix ans avant de succomber au goût des chocolats Lindt où la maîtrise de la langue allemande est l’un de ses atouts.
Pratiquant la course à pied depuis plus de vingt-cinq ans, à Paris où elle réside ou sur les plages de Barneville-Carteret où elle se ressource dans sa maison au bord le l’eau, Anne est consciente que l’effort qu’elle fait pour lancer son activité est un travail de longue haleine. Elle adore les contacts et ceux qu’elle prend aujourd’hui la conduisent à mettre tout naturellement ses connaissances des marchés grands publics au service de ses interlocuteurs. Une façon de revenir sur sa cible numéro 2 : le conseil. Et, pourquoi pas, ajouter une autre corde à son arc le temps que son activité de « parapluitier » prenne vraiment son essor.
Site internet
www.leparapluitier.com