Une cordée pour l'emploi des cadres
AVARANEWS N° 54 - OCTOBRE 2022
Le talent, stéréotype genré en France
Et si la recherche de "talents" consistait à rechercher avant tout des hommes ? La question mérite d’être posée après la mise en évidence d’un stéréotype de genre par les économistes français Clotilde Napp et Thomas Breda dans la revue Science Advances.
Ils se sont fondés sur l’enquête internationale Pisa 2018 menée auprès de 500 000 adolescents de 15 ans, qui devaient réagir à l’affirmation : "Quand j’échoue, j’ai peur de ne pas avoir assez de talent." Il s’avère que les filles sont plus nombreuses que les garçons à attribuer leurs échecs à un manque de talent. À l’inverse, les effectifs masculins ont davantage tendance à incriminer des facteurs externes. Cet écart est mesuré par un indice, le "gender talent stereotypes", qui permet de comparer les différents pays du monde. Résultat : ce stéréotype est plus fort dans les pays plus développés, tels que la France, où l’indice est deux fois plus élevé que la moyenne internationale.
Les différences sont ainsi plus prononcées dans les pays riches et méritocratiques, qui accordent une importance plus grande à la notion même de talent, au sens de capacités intellectuelles (ou physiques) individuelles supérieures à la moyenne, permettant par exemple d’apprendre plus rapidement. De plus, les femmes ont moins de goût pour la compétition et les professions liées aux TIC. Ce cocktail pourrait expliquer leur moindre présence aux postes les plus élevés, le fameux plafond de verre. Mais le stéréotype peut aussi handicaper les hommes, car il les amènerait à "trop compter sur leur talent" et pas assez sur les efforts. C’est ce qu’indiquent les statistiques sur l’importance qu’ils accordent aux devoirs à la maison.
Auteur : Alain Roux
Source : infoRH
Publié le 30 mai 2022
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