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Le recrutement des cadres en 2022
 

AVARANEWS N° 56 DECEMBRE 2022


Les divers aspects de la difficulté à recruter les cadres en 2022

 

Photo TXT 1 Recrutement cadres 2022

 

La reprise constatée en 2021 se confirme en 2022. L’APEC anticipe au moins 282000 recrutements de cadres en 2022, avec un marché de l’emploi très dynamique. Malgré un marché du travail très satisfaisant, les cadres sont angoissés par l’inflation. Celle-ci pourrait les amener à être plus exigeants en matière de rémunérations. Toutefois la période que nous connaissons fin 2022, pleine d’incertitudes, ne permet pas de faire de projections ni des prévisions fiables pour 2023, tant sur le marché de l’emploi des cadres que sur l’évolution des salaires.

 

L’horizon économique s’assombrit en France. Entre la crise énergétique, l’inflation revenue à un haut niveau et une faible croissance, la plupart des indicateurs passent au rouge. Plus de deux ans après le déclenchement de la pandémie et dix mois après l’éclatement de la guerre en Ukraine, la plupart des instituts de prévision ont révisé à la baisse leurs perspectives pour les mois à venir. Malgré ce contexte complexe, l’emploi des cadres reste dynamique. L’année 2022 sera certainement considérée comme une année record en matière de recrutement des cadres. La peur née au printemps 2022 à la suite du déclenchement de la guerre en Ukraine est pratiquement oubliée. Ce marché de l’emploi des cadres dynamique entraîne une difficulté des recrutements, une pression sur les salaires et une accélération de la mobilité.

 

Une plus grande difficulté du recrutement des cadres

Fin 2022, les difficultés de recrutement des cadres atteignent des niveaux record : 84 % des entreprises les anticipent pour le 4eme trimestre. Les difficultés de recrutement des cadres, déjà fortes au 1er trimestre 2022, se sont accrues au 2eme trimestre, puisque 82 % des entreprises se plaignent alors de difficultés croissantes pour recruter les cadres. Au 3eme trimestre les difficultés d’embauche s’aggravent encore puisque 85 % des entreprises pensent qu’il sera plus difficile de recruter, ce qui représente un niveau jamais atteint (plus 30 points par rapport à septembre 2020). Le 4eme trimestre laisse apparaître un léger fléchissement.

Les Directions générales d’entreprises s’accordent à dire que ces difficultés à engager de nouveaux cadres représentent fin 2022 une véritable menace pour leur développement économique. Ce n’est pourtant pas une fatalité. Des solutions peuvent être mises en œuvre. Il existe en effet un vivier de compétences disponibles et des cadres qui aspirent à travailler. Parmi les seniors, par exemple, mais aussi chez les jeunes diplômés.

 

Une bonne compréhension des tensions

Ces solutions passent par une bonne compréhension de ces tensions, l’accompagnement des entreprises à diversifier leurs critères de recrutement, une meilleure intégration des nouvelles recrues. Mais, pour bien utiliser ces leviers, il importe de connaître les causes de cette difficulté de recrutement.

Une étude de la DARES de mai 2022 avance quelques clés pour comprendre cette situation sur le marché de l’emploi français, concernant en particulier les cadres. Selon cette étude, une majorité d’employeur imputent leur difficulté de recrutement au décalage entre leurs attentes et les compétences des candidats. Se pose alors une autre question : quelle part de responsabilité incombe à l’employeur dans ces tensions sur le marché du travail ? D’après l’étude, les efforts insuffisants pour s’adapter aux souhaits des candidats auraient plus d’impact que l’inadéquation des compétences. En conclusion, le durcissement des critères d’embauche en période de récession économique est le principal frein au recrutement de nouveaux talents.

De manière moindre, le manque d’ajustement des rémunérations à la hausse du coût de la vie par les employeurs n’incite pas les cadres en recherche d’emploi et ayant les compétences nécessaires à postuler. Enfin, le déficit d’attractivité de certains secteurs économiques entre dans l’équation.

 

Une difficulté de recrutement qui influe sur les salaires

Plus les salaires sont élevés, plus ils contribuent à accroitre le problème de recrutement. Car la question des salaires et du pouvoir d’achat s’inscrit en cette fin 2022 au cœur des préoccupations des cadres, à cause de l’accélération de l’inflation. Mais cette problématique des recrutements donne un pouvoir nouveau aux cadres dans les négociations salariales en interne et a fortiori en externe lors d’un changement d’entreprise.

En septembre, 63 % des cadres se disent inquiets. 49 % souhaitent augmenter leur rémunération. Les moins de 35 ans affichent la plus forte baisse de satisfaction. Ils sont 55 % à envisager de demander une augmentation fin 2022. Une évolution significative, liée au contexte général, laisse apparaître un  changement d’état d’esprit intervenu depuis un an : 53 % des cadres appellent à des augmentations majoritairement collectives plutôt qu’à des augmentations individuelles.

L’inflation et le pouvoir d’achat posent ainsi avec acuité la question des salaires, et les cadres, comme tous les salariés, n’échappent pas à ces préoccupations. Cette nouvelle exigence des candidats, dans un contexte de plus en plus difficile d’équilibre financier des entreprises, va accentuer les tensions de recrutement déjà à l’œuvre. Une difficulté supplémentaire pour les entreprises qui doivent à la fois recruter et fidéliser les talents.

 

L’interaction entre la mobilité des cadres et la difficulté des recrutements

Une étude réalisée par Randstad en mai 2022 indique que 86 % des cadres se disent satisfaits de leur situation professionnelle. Mais que, loin de s’en contenter, ils sont proactifs. Un paradoxe qui s’explique en particulier par de nouvelles exigences en terme de revenus, notamment, mais aussi en terme d’équilibre de vie personnelle et professionnelle. Ainsi le top 3 des critères qui satisfont les cadres dans leur entreprise est le suivant :

  • - L’équilibre vie professionnelle/vie personnelle : 79%
  • - La rémunération : 78%
  • - Le niveau d’autonomie : 76%

Soucieux de rééquilibrer certaines valeurs, et conscient du dynamisme du marché de l’emploi, un cadre sur trois envisage de changer d’entreprise en 2023. Ses souhaits d’évolution au cours des six prochains mois sont les suivantes :

  • - Changer d’entreprise : 35 %
  • - Demander une mobilité interne : 33 %
  • - Changer de ville ou de région : 28 %
  • - Se reconvertir dans un autre métier ou un autre secteur d’activité : 27 %

La mobilité des cadres pourrait faciliter leur recrutement par les entreprises, précisément parce que cette fluidité entraîne qu’un plus grand nombre de cadres sont disponibles sur le marché du travail. Dans les faits, les choses ne sont pas aussi simples car la mobilité des cadres tend à diminuer ces six derniers mois. Par ailleurs, leurs exigences, leur type de souhait d’évolution sont rarement en harmonie avec les demandes des entreprises plus centrées sur un professionnalisme de plus en plus exigeant, une fidélité à l’entreprise sur un assez long terme, une bonne adaptation à la culture de l’entreprise. Une grande partie des études montre en particulier qu’une partie croissante des cadres démissionnent de leur entreprise, non pour entrer dans une autre entreprise, mais pour créer et développer leur affaire, seuls ou en association ; ou encore pour s’orienter vers une activité très différente qu’ils estiment mieux correspondre à leurs valeurs qui se sont affirmées au fil des années. Ou même parfois pour réaliser un vieux rêve, du type prendre un an pour faire le tour du monde.

 

Emile Biardeau

Avarap

 

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